mercredi 21 novembre 2007

La Boîte de Jazz - partie 1

L'espace a ceci de particulier de ne pas offrir la cadence du jour et de la nuit. Et les primates de « La Boîte de Jazz » s'en souciaient fort peu à cette heure. Imbibés qu'ils étaient, éberlués par la fumée, par les sons étouffés des verres qui s'entrechoquent, de rires qui éclatent, émaillés de conversations qui s'emballent, personne ne répondait plus de rien.
Seuls semblaient tenir la barre le trompettiste et son « orchestre », accrochés chacun à leur instrument comme à une bouée de sauvetage. Et comme Marco, le maquereau, à ses enfantillages ; belles de nuit constellant le paysage !
Au fond, entre couples prometteurs et vieilles engueulades, Lober et son compère restaient là, mi planqués mi hagards. On ne risquait pas de leur décerner la palme de l'enthousiasme...

Pour comprendre ces personnages il faudrait les avoir suivis pendant les quelques 72 heures (standards) précédentes.

Toi qui m'écoutes, tu ne sauras patienter aussi longtemps. N'aie pas peur je vais t'épargner trop de baratin. Tendons l'oreille, et gare à celui qui se laisserait distraire par le swing nonchalant de cette guinguette inter spatiale...

« Il viendra le temps où tu m'expliqueras tes aventures !? »
« C'est tout juste si je songe à te les raconter. Je n'y comprends pas grand chose moi-même... »

Lober venait d'atterrir, et n'avait d'autres envies que de griller sa blonde et boire sa dose réglementaire de Grenat. Cette boisson sans caractère présentait l'avantage non négligeable de rendre ivre le plus endurci, sans pour autant émailler les gorges fatiguées. Et Lober s'en trouvait fort aise, ses bronches en témoigneraient par avance.

Laconique de formation, il avait gagné en mystère, nimbant ses rares phrases des adverbes de circonstance.

Et cela finissait par exaspérer son hôte.

« Quel heure est-il au juste ? »
« Quelle importance ? »
« Tu réponds toujours par une question ? »

Les billards claquaient un peu trop fort. L'alcool n'aide pas à affiner ses trajectoires.

« Je ne vais pas m'enfuir, où veux-tu que je file dans cette station ? »
« Lober, pourquoi me crains-tu ? »
« Ce n'est pas toi que je crains. Ce sont mes semblables. »
« Le délire de persécution n'a jamais rien apporté de bon. Tu vis hors du monde, tu ne sais même plus à quoi ressemblent tes semblables. Il n'y a pas que l'Aérospatiale. Fut-elle omniprésente et pourrie jusqu'à la dernière tôle ou à la moindre poutrelle. »
« Tu comptes servir d'exemple à ta démonstration ? L'espèce est soluble dans l'espace. »
« Tu veux développer ? »

Deux volutes venaient emplir l'aquarium de volumes éthérés.

« Ce serait trop tentant. Tu n'as que 2 options : réfuter par principe ce que j'aurais à dire ou me traiter de fou. Je ne vais pas t'offrir ce que j'ai cogité depuis si longtemps. »
« Vieux hibou. Tu n'as pas encore compris. Pourquoi suis-je venu te trouver ? »
« Pour étouffer tout ça. Sors ta flûte et endors la populasse bienveillante. »
« Laisse-moi te dire que tes métaphores manquent quelques fois d'à propos... »

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Salut Fred

Bon je vais être honnête: ce n'est pas le best-seller car c'est beaucoup trop private et très indigeste pour le premier venu.

Ou plutôt, comme dit Boileau (oui là encore tu vas me dire clin d'oeil, voire ;-) ),

Hâtez-vous lentement, et sans perdre courage,
Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage,
Polissez-le sans cesse, et le repolissez,
Ajoutez quelquefois, et souvent effacez.

Working class hero is somethin' to be...

Yo² (snow s*cks)