mercredi 21 novembre 2007

Exo-1 blue's

Il faisait froid, dans cette putain de base. Pas un nuage à l'horizon, et ce coucher de soleil qui n'y ressemblait pas. Un bal funèbre, rien à espérer. Voilà maintenant 3 ans que je traîne ici, à vivre de rapines, d'opérations clandestines sans envergure. Et dire que je m'imaginais conduire ma propre flotte. Même pas pilote ou artilleur... recalé pour incompétence. Je pense plutôt qu'ils avaient peur de moi.
Mes états de service ne sont pas glorieux : 3 missions comme assistant mécano, une seule en tant que suppléant canonnier...
J'en ai marre de ces courants d'air, la ventilation déconne ; elle l'a toujours fait d'ailleurs. Si j'étais optimiste je dirais que c'est pas mal quand même. J'ai l'insigne honneur de survivre dans la première station lunaire : Exo-1 comme ils l'appellent. Un point de non retour, ça fait des décennies qu'elle ne joue plus aucun rôle, depuis qu'on a mis au point des moteurs spatiaux dignes de ce nom !
2 morts, et 1 vaisseau de transport sévèrement endommagé. Voilà tout ce à quoi j'ai pu servir pendant cette escapade de 2034. Il n'y avait rien à en espérer. Et on a pas été déçus !
Exo-1 était alors la plus prestigieuse des créations humaines, une « merveille » de plus, j'en ai perdu le décompte... Y être était une chance inouïe : nouveaux colons, premiers explorateurs civils depuis des siècles ; la chance d'une vie. Nous étions un millier dans cette expédition. Rêves de fortunes, de gloire ou juste de vie meilleure. Fallait-il être désespéré pour quitter cette Terre pour un caillou mort tout juste en vis à vis. Comme déménager d'un bidonville au taudis d'en face. Rien à en tirer.
Oh pourtant à l'époque on pouvait rêver ! Les explorations du XXème siècle n'avaient rien trouvé d'intéressant. Mais être sur la lune, sur Exo-1, y vivre en devenir un indigène, c'était se construire un avenir dans l'espoir de tenir un rôle de premier rang dans l'exploration du système.
Personne n'était dupe : l'armée envoyait au casse-pipe des civils enthousiastes, « triés sur le volet » - traduire « suffisamment désespérés pour courir le risque ».
Un Tupo-Leffe vient de passer, dernier fleuron de nos chers militaires. Je me demande bien d'où ils ont tiré ce nom ridicule... TL01 pour les intimes. J'ai toujours cru les militaires mégalomanes ; je ne pensais pas qu'ils l'étaient au point d'en prévoir au moins 10 modèles différents ! Allait-on assister à la constitution d'une de ces armadas que l'histoire a déjà connues ? Et pour aller où ? Ça fait longtemps qu'on sait ne craindre plus rien de personne, et surtout pas des petits hommes verts. Moi je dis que s'ils existent et sont capables d'atteindre notre système, alors ils nous réduiraient en bouillie à leur guise !
Il faudra que je pense à contacter Boris. 15 mois qu'il est stationné sur M2. Un fier pirate que celui-là ! Je ne devrais pas dire ça, il a bien mérité de l'armée. Lieutenant, ou un truc comme ça. Enfin suffisamment pour de temps à autres diriger un de leurs croiseurs, la classe !
Oh et puis je m'y perds, cette hiérarchie, ces règles débiles et hypocrites... Voilà pourquoi ils ne m'ont pas retenu ! Insubordination... cours martiale... il faut que j'arrête de penser à tout ça. Mel s'en est pas tiré... Moi je croupis ici, mais je suis vivant ! Un fantôme de plus dans Exo-1.
Même pas le droit de m'installer sur Exo-10 ou Exo-11. Des paradis ! Il me suffirait de quelques unités pour monter mon affaire.
Interdit de vols spatiaux, interdit de transports lunaires... bref : enfermé ici et nul moyen de s'en échapper. Du moins le croyais-je...

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